Forum sur les jeunes francophones vulnérables en situation minoritaire
4. Capsules d’informations
L’ordre du jour a prévu la présentation de cinq capsules d’information à différents moments de la journée, dont deux de la part des communautés et trois de la part des institutions fédérales. La présentation de ces capsules avait comme objectifs de permettre aux participants de mieux connaître certaines réalités sur le terrain et de se familiariser avec les approches des institutions fédérales membres du groupe de travail.
4.1. Léonie Tchatchat – Directrice générale, La Passerelle, Toronto
Madame Tchatchat a remercié les organisateurs du forum pour cette occasion d’échanger avec de nouveaux partenaires et la possibilité d’établir de nouvelles collaborations. La Passerelle est un organisme de Toronto qui travaille avec des jeunes francophones issus de milieux défavorisés. Quelque 80 % de la clientèle de l’organisme est composée d’immigrants qui viennent de pays en voie de développement. Il s’agit de jeunes issus d’une minorité raciale, qui vivent la pauvreté au quotidien. Leurs parents ayant souvent des problèmes d’intégration, ces jeunes ont beaucoup de difficulté à s’épanouir (isolation, manque d’activités culturelles auxquelles ils peuvent s’identifier, décrochage scolaire, etc.).
Madame Tchatchat a présenté un projet réalisé en 2008 avec les jeunes francophones de sa localité. Au cours de ce projet, on a organisé des groupes témoins et des jeunes d’âge scolaire ont été invités à créer une affiche relatant leur réalité de tous les jours dans leurs écoles et la communauté. Lorsqu’il fut question de faire une campagne de sensibilisation avec ces affiches, cette étape fut la plus frappante du projet car on a constaté l’existence de clans à l’intérieur des classes -le clan des Africains et le clan des Blancs. Dans certaines classes, les enseignants ont reconnu l’existence d’une telle division et avoué se sentir parfois dépassés puisqu’ils ne disposent pas d’outils pour faire face à une telle problématique.
Le deuxième projet présenté a été le passeport mosaïque. Ce projet permettait aux jeunes de différentes communautés de partager leur vécu, toujours dans le but de trouver des solutions aux problèmes de sécurité et de violence. Il est ressorti des discussions que les jeunes se sentent menacés par l’attitude qu’adoptent les policiers à leur égard, ce qui dégénère souvent en des démêlés avec la police.
Madame Tchatchat a aussi donné quelques informations concernant la situation à Ottawa. Selon les données du Bureau des services à la jeunesse d’Ottawa, 85 % des 140 jeunes détenus en mars 2004 étaient des jeunes immigrants. De ce pourcentage, 80 % étaient des jeunes Somaliens (170 jeunes Somaliens ont des problèmes avec la justice). Ces chiffres sont plus élevés que ceux de l’année précédente. Selon le Regroupement ethnoculturel des parents francophones, organisme local qui travaille avec les parents et les jeunes, en 2003, 43 jeunes Somaliens ont été placés en détention et 121 ont eu des problèmes avec la justice.
Madame Tchatchat a conclu en disant que les organismes communautaires travaillant sur le terrain avec les jeunes issus de milieux minoritaires sont souvent dépourvus de moyens pour faire face à cette problématique qui touche leur clientèle.
4.2. Tanniar Leba – Directeur général, La Boussole, Vancouver
La Boussole est un centre d’aide communautaire, économique, et social desservant la communauté francophone de Vancouver. Sa clientèle est constituée à 65 % de migrants francophones en provenance du Québec et de l’Ontario et à 35 % d’immigrants nouvellement arrivés au Canada. Cet organisme intervient dans quatre domaines, soit le domaine social (intervention d’urgence, travail de rue, santé mentale, toxicomanie), le domaine communautaire (repas et activités communautaires, assistance clinique et juridique), l’emploi et l’immigration. Bien que l’organisme ne reçoive aucun financement de Citoyenneté et Immigration Canada, une partie de son travail touche l’immigration, en raison des réalités rencontrées sur le terrain.
En bref, la Boussole fait face à trois défis de taille :
- En Colombie-Britannique, la communauté francophone représente 1,5 % de la population totale et le français occupe la 6e place dans la province en termes démographiques. Pourtant, d’après une étude menée en 2004 par la ville de Vancouver, 25 % des jeunes de la rue étaient des francophones. Toujours à Vancouver, une étude plus récente révèle que 8 % des sans-abri sont des francophones.
- Le financement provient de divers paliers de gouvernement, à savoir le fédéral, la province et la ville de Vancouver, ainsi que des organismes locaux. L’administration des programmes est une fonction de plus en plus dévolue à la province par le gouvernement fédéral. Ce transfert de responsabilité pourrait donc entraîner une perte de financement en provenance du fédéral.
- Le contexte politique, social, économique et démographique est également un défi. Le nombre de nouveaux arrivants ne cesse d’augmenter, ainsi que la disparité entre riches et pauvres. Des modifications aux lois et règlements provinciaux affectent de plus la clientèle défavorisée et vulnérable. Comme exemple, toute personne ayant fait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par n’importe quelle province du Canada et qui désire s’établir en Colombie-Britannique se verra refuser l’accès à l’aide sociale. Cette situation juridique peut aggraver la situation des jeunes de la rue et la délinquance.
En termes de bonnes pratiques, l’organisme met en œuvre des activités dans le domaine de la prévention du crime et de la réinsertion sociale des jeunes itinérants par le biais de l’art et du travail manuel. Un futur projet de voyages illustrés par les jeunes immigrants donnera aux jeunes, notamment aux réfugiés, l’occasion de retracer leur parcours et ainsi partager leur vécu.
4.3. Dan Quirion – Gendarmerie royale du Canada
Monsieur Quirion a présenté les grandes lignes du programme de sensibilisation aux drogues et au crime organisé de la Gendarmerie royale du Canada. Il s’agit d’un programme implanté par 55 membres de la GRC à travers tout le pays, en partenariat avec les communautés. L’un des défis du programme concerne la langue, surtout lorsqu’il s’agit de travailler dans les milieux minoritaires francophones. Le besoin de sensibiliser les policiers pour leur permettre de mieux comprendre les jeunes et les nouveaux arrivants est également un des enjeux du programme.
Un autre aspect non négligeable est la nécessité de prendre en charge les jeunes vulnérables et à risque. Pour qu’une prévention soit efficace, il importe de faire comprendre aux jeunes le rôle de la police, de les éduquer et de les informer, afin qu’ils soient à même de prendre de bonnes décisions. Il est tout aussi important d’éduquer la communauté. La question majeure est de savoir comment rejoindre ces jeunes. Il faut à cet effet impliquer les parents, car ils sont les meilleurs enseignants, les meilleurs éducateurs auprès de leurs enfants. Le programme donne donc aux parents des outils pour l’encadrement des jeunes. La GRC utilise les nouvelles technologies pour réaliser ce programme, notamment un site Web créé et animé par des jeunes.
En conclusion, Monsieur Quirion a fait valoir la nécessité de travailler ensemble et d’éviter les duplications, ce qui est d’autant plus important dans un contexte de crise économique.
4.4. Major Guy Peterson – Coordonateur national des Cadets de l'Armée, Défense nationale
Le major Peterson a présenté la Ligue des cadets de l’Armée du Canada, une organisation qui regroupe des jeunes âgés de 12 à 18 ans, dont le but est d’encourager leur leadership et d’en faire de meilleurs citoyens. L’organisme n’a pas pour rôle de recruter les jeunes dans les Forces canadiennes. La Ligue des cadets de l’Armée du Canada compte environ 1 500 corps de cadets qui interviennent dans 700 communautés.
Toute personne le désirant peut adhérer à la Ligue des cadets, peu importe ses origines, sa couleur et sa langue. Il s’agit d’une organisation ouverte à tout le monde et très efficace parce qu’elle aide à encadrer les jeunes, incluant les jeunes vulnérables et à risque.
4.5. Nancy Boillat – Avocate-conseil, Service des poursuites pénales du Canada, Bureau régional du Québec
L'exposé de madame Boillat a permis aux participants de prendre connaissance du mandat et des approches du Service des poursuites pénales du Canada (SPPC), dont la création remonte au 12 décembre 2006. Le SPPC assume les fonctions du procureur général du Canada dans l'exécution de son mandat dans le domaine du droit pénal, en poursuivant les auteurs d'infractions criminelles relevant de la compétence du gouvernement fédéral et en contribuant à renforcer le système de justice pénale. Le SPPC a aussi pour rôle de conseiller tous les organismes de gestion de la loi et d'assurer la communication avec les médias lorsqu'une poursuite est en cours.
Le SPPC est responsable des poursuites relatives aux contraventions des lois fédérales, par exemple la Loi sur les pêches et la Loi de l'impôt sur le revenu. Le SPPC engage notamment les poursuites liées à la drogue dans toutes les provinces et territoires, à l'exception du Québec et du Nouveau-Brunswick où il ne s'occupe que des affaires de drogues qui ont été enquêtées par la GRC. En plus, dans les trois territoires, le SPPC entame des poursuites relatives à toute infraction en vertu du Code criminel.
La création du SPPC découle de la décision de rendre transparent le principe de l'indépendance de la fonction de poursuivant, afin qu'elle soit libre de toute influence indue.
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