Opinion des minorités sur la Loi Antiterroriste

3.  Introduction

3.  Introduction

3.1  Concernant le présent rapport

Dans ce rapport, et conformément aux pratiques normalisées en matière d'étude qualitative, les informations provenant des 16 groupes sont présentées ensemble. Les différences entre les participants des diverses catégories démographiques  (groupe-cible (origine ethnique), langue ou ville) ne sont mentionnées que si elles sont significatives. 

Les groupes-cibles de l'étude ont été définis selon l'origine ethnique précisée par les participants eux-mêmes conformément aux définitions et classements utilisés par Statistique Canada pour le recensement de 2001. (voir l'annexe 2).

Dans l'ensemble, le rapport présente les tendances principales, de même que l'éventail des points de vue, notamment les points de vue majoritaires et les autres. Toutefois, conformément aux pratiques normalisées en matière qualitative, aucun pourcentage n'est mentionné en rapport avec les conclusions et le nombre de personnes n'est pas précisé, même si, pendant les discussions, les participants ont voté à l'occasion, surtout aux fins de clarifier la position de chacun. 

Le rapport présente, en premier lieu, une note de synthèse qui résume les conclusions principales. Puis, on trouvera les points saillants du rapport, savoir le contexte, l'objet et la méthode utilisée pour l'étude, une présentation de la connaissance et des réactions des participants aux divers aspects de la loi antiterroriste et enfin, certains observations. 

Dans le rapport, les expressions et paroles des répondants sont citées le plus souvent possible. Il s'agit donc de leurs propres mots. Nous avons très peu utilisé les guillemets pour faciliter la lecture de l'étude. Les citations sont en italiques et ont été légèrement modifiées (à des fins de clarification).

Conformément aux pratiques habituelles en matière qualitative, aucune des 16 sessions n'est mentionnée en particulier. Toutefois, seront indiqués, pour certains exemples, la localité ou le groupe-cible pertinent.

3.2  Contexte, objets et buts

3.2.1 Contexte

En décembre 2001, le Parlement du Canada a proclamé en vigueur la Loi antiterroriste (le projet de loi C-36). Par suite de l'adoption de la loi, les médias notmment ont mentionné que des groupes minoritaires pourraient être injustement ciblés par les dispositions de la loi. La Division de la recherche et de la statistique du ministère de la Justice du Canada a donc décidé d'examiner l'opinion des groupes minoritaires concernant les diverses dispositions de la Loi antiterroriste (LA). Aux fins de la présente étude, il a été tenu compte des consultations menées auprès de divers groupes avant la proclamation de la loi et de l'opinion exprimée par les participants de groupes minoritaires dans les groupes de discussion qui ont eu lieu à travers le pays. Il ne s'agissait pas d'une consultation mais de conversations structurées avec les participants et les participantes. Le Parlement doit examiner la Loi dans les trois ans de la sanction royale. La recherche doit permettre d'obtenir des renseignements qui guideront l'examen.

3.2.2 Objet et buts

La recherche qualitative avait pour objet de connaître l'opinion du public canadien à l'égard de la LA et de quelques-unes de ses principales composantes - une attention spéciale étant portée aux attitudes et aux préoccupations des minorités ethno-culturelles au Canada. L'objet visé n'était pas seulement de connaître l'opinion du public mais également de comprendre le fondement de ces opinions.  

Plus précisément, l'étude devait porter sur les 4 questions suivantes:

  1. connaissance de la loi canadienne antiterroriste et des mesures adoptées par le gouvernement canadien depuis le 11 septembre;
  2. connaissance globale de la LA et de certaines dispositions en particulier et attitude des participants à l'égard de celles-ci;
  3. impact de la LA sur la vie personnelle, selon les participants;
  4. désir d'avoir des renseignements supplémentaires concernant l'ensemble de la LA et certains aspects de la loi en particulier.

3.2.3 Fondement de la méthode

L'opinion de la population canadienne dans son ensemble peut être précisée par des sondages d'opinion publique, mais il est plus difficile de cerner l'opinion des groupes minoritaires non seulement à cause de la taille réduite de l'échantillon mais également à cause du degré d'aisance des participants de s'exprimer sur un sujet aussi délicat (le problème du terrorisme et des lois applicables) au téléphone. En outre, on a jugé qu'il était important de pouvoir distinguer les résultats obtenus selon certains groupes-cibles. 

Il a donc été déterminé qu'une approche qualitative, qui est centrée sur l'analyse à la fois intuitive et pragmatique de l'opinion de certains groupes, serait l'approche la plus efficace. Il a également été décidé que les groupes de discussion, particulièrement s'ils étaient formés de personnes d'origines ethniques similaires, permettraient aux participants de discuter ouvertement. 

Le processus ne vise pas le consensus; il s'agit de l'exploration de la connaissance et des perceptions des individus de la LA canadienne. L'animateur doit guider la discussion, recueillir l'information et observer; il ne doit ni informer, ni proposer de bonnes ou de mauvaises réponses. En fait, il dit aux participants qu'il n'y a pas de mauvaises réponses puisque, ce qu'il recherche, c'est leur opinion et leur point de vue.

Pendant les sessions, les participants paraissaient parler ouvertement et honnêtement de leurs sentiments et pensées et interagir librement qu'ils soient ou non d'accord. À l'occasion, le débat était houleux et, de temps en temps, l'humour a fait son apparition. Dans l'ensemble, les participants de chacune des villes semblaient heureux de pouvoir se prononcer sur un sujet aussi important. Par exemple, plusieurs participants d'origine iranienne (de Vancouver) ont participé aux discussions même si elles ont eu lieu pendant la semaine du Nouvel An iranien. 

3.3  Méthode

3.3.1 Approche qualitative

Compte tenu de la nature délicate des objectifs de recherche, nous avons utilisé la méthode conventionnelle de discussions de groupe, la plupart des sessions regroupant de 8 à 10 participants et plusieurs regroupant de 5 à 7 participants.

Nous croyons que, dans une étude exploratoire, l'approche qualitative s'avère plus efficace  si elle porte sur une analyse du contenu et de la portée de la réaction des groupes aux questions visées à un moment donné. Un examen en profondeur de facteurs, d'opinions et de justifications complexes, notamment leur fondement émotionnel et psychologique, n'est pas possible dans le cadre d'une enquête quantitative.

Toutefois, alors que les conclusions permettent de mieux saisir les perceptions et les attitudes relatives à certains questions diverses et d'avoir un aperçu ponctuel, ces conclusions ne sont pas quantifiables et peuvent ou non être représentatives de l'ensemble de la population. Il appartient au lecteur d'évaluer, selon son bon jugement, les conclusions tirées dans ce type de recherche. La recherche qualitative pourra être approfondie au moyen d'autres instruments qui permettront d'améliorer les connaissances acquises. Si on souhaite des résultats valides, sur le plan de la statistique, on pourra certainement effectuer une nouvelle étude quantitative de suivi.

3.3.2 Groupes-cibles

Les groupes ont été formés selon l'origine déclarée des participants (se reporter au classement des groupes de Statistique Canada, annexe 3). Il s'agissait de former 3 sous-groupes susceptibles d'avoir des opinions divergentes sur la Loi antiterroriste. Les participants ont été regroupés selon leur ethnie plutôt que selon leur origine raciale ou leurs croyances religieuses. Seule la principale origine ethnique déclarée a servi de critère de classement. Voici la composition des 3 groupes:

  1. Groupe 1:  personnes ayant affirmé qu'elles étaient d'origine arabe ou d'Asie occidentale, de même que d'Afrique du Nord ou du Pakistan. Les membres du groupe 1 étaient, pour la plupart, des minorités visibles.
  2. Groupe 2:  personnes ayant affirmé qu'elles étaient d'origine afro-américaine, africaine, d'Asie de l'Est, d'Asie du Sud-Est ou du Sud, à l'exclusion des membres du groupe 1.
  3. Groupe 3:  personnes d'origine ethnique européenne, soit de l'Europe de l'Ouest, du Nord, du Centre, du Sud et de l'Est, y compris les indigènes et les personnes d'origine juive.   

3.3.3 Nombre et type de sessions

L'étude nationale qui s'est déroulée du 10 au 21 mars 2003 comportait 10 groupes de discussion dans 5 localités à travers le pays (Halifax, Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver) pour un total de 138 participants et participantes de 60 ethnies différentes (se reporter au tableau de l'annexe 2 qui présente la composition des groupes selon l'origine ethnique).

Dans chacune des 5 localités, les groupes 1, 2 et 3 ont été formés, plus un groupe 3 supplémentaire anglophone à Montréal. La plupart des discussions ont eu lieu en anglais (3 groupes dans chacune des villes de Halifax, Toronto, Calgary et Vancouver, plus 1 à Montréal), et 3 groupes tenus à Montréal ont été menés en français. Le tableau ci-dessous illustre la répartition des participants :

Nombre de participants par localité et par groupe-cible
Composition ethnique Halifax Montréal français Montréal anglais Toronto Calgary Vancouver Total
Groupe 1 7 8 --- 10 5 7 37
Groupe 2 7 8 --- 10 9 9 53
Groupe 3 9 10 10 10 9 10 48
Total 23 26 10 30 23 26 138

Conformément à la pratique habituelle en matière qualitative, toutes les sessions ont eu lieu dans des installations comportant une salle d'observation et les sessions de deux heures ont toutes été enregistrées sur bandes audios (avec le consentement des répondants).

Le tableau suivant illustre les origines ethniques (selon les participants) (par ordre alphabétique) des participants à l'étude.

Origine ethnique des participants par groupe-cible
Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3