Gérer les difficultés de contact : une approche axée sur l'enfant

2003-FCY-5F

3.0 RECHERCHE SUR LES DIFFICULTÉS DE CONTACT

Outre les travaux de Gardner ainsi que de Kelly et Johnston, il existe une documentation abondante sur le concept d'aliénation. Mais, étant donné le manque de recherche empirique dans ce domaine, nous avons trouvé peu d'études qui examinent l'aliénation à l'aide de normes objectives. S'il y a actuellement d'autres études en cours, elles n'ont pas été soumises à des éditeurs, au meilleur de notre connaissance. Nous n'en avons trouvé aucune sur les interventions entourant les difficultés de contact ou l'évaluation des résultats liés à des interventions précises; nous sommes d'avis que des recherches s'imposent dans ce domaine.

La majeure partie des études sur l'aliénation sont de nature exploratoire et dépendent de statistiques descriptives et de corrélations entre variables. Elles présentent des difficultés inhérentes de méthodologie, allant de la petite taille des échantillons aux méthodes partiales d'échantillonnage, en passant par des sources d'information non indépendantes, des descriptions d'échantillon inadéquates, l'absence de groupes témoins et l'incohérence des définitions et des mesures entre les études. Malgré leurs limites, ces études représentent un point de départ important pour aider à mieux comprendre les difficultés de contact.

Clawar et Rivlin (1991) ont étudié 700 familles sur une période de 12 ans. Ils décrivent les façons dont les parents tentent de « programmer » ou de « laver le cerveau » des enfants et le souhait de ces derniers que cela prenne fin. Ils ont aussi remarqué des divergences entre les opinions, les souhaits et les comportements des enfants.

En se fondant sur les critères de diagnostic de Gardner, Dunne et Hedrick (1994) ont effectué l'analyse qualitative de 16 cas d'aliénation grave. Dans trois de ces cas, le droit de garde a été transféré, intervention qui a été qualifiée de « fructueuse pour éliminer l'aliénation ». Dans les 13 autres cas, on a eu recours à l'intervention thérapeutique et/ou au tuteur à l'instance. L'aliénation s'est « un peu améliorée » dans seulement deux de ces cas; elle s'est « aggravée » dans deux autres et, dans le reste de l'échantillon, « aucune différence » n'a été constatée après l'intervention.

Lampel (1996) a dressé le profil des attributs psychologiques des parents et des relations enfant-parents dans un échantillon de 44 familles ayant au moins un enfant d'âge scolaire dont on évaluait la garde. Dans cet échantillon, 41 % des enfants étaient alignés avec un parent. Les deux parents de ces enfants ont été qualifiés de plus rigides, se défendant de façon naïve, et de moins émotifs que les parents des enfants non alignés. Lampel a conclu que les enfants alignés exprimaient une préférence pour le parent plus empathique, plus ouvert et plus apte à régler les problèmes. De plus, ces enfants étaient plus ouvertement en colère et moins capables de conceptualiser les problèmes complexes. On a aussi considéré qu'ils avaient davantage confiance en eux-mêmes, parce que moins troublés, peut‑être par des conflits de loyauté.

Kopetski (1998) a cerné les caractéristiques des familles et de la personnalité qui contribuaient à l'aliénation dans un échantillon de 413 évaluations de garde ordonnées par les tribunaux. Dans 84 de ces cas, elle a qualifié l'aliénation de grave (selon les critères de Gardner). Ces caractéristiques étaient les suivantes : trouble de la personnalité, défense contre la douleur psychologique par l'extériorisation, tristesse anormale et difficultés de la famille d'origine telles que l'ambivalence et le conflit au sujet des parents, participation et incapacité à se distancier ou à s'émanciper d'un parent ou de la culture familiale où prédomine « la division » ou l'extériorisation. Les autres facteurs possibles sont une tristesse non résolue ou non reconnue découlant de pertes traumatiques, un appauvrissement émotionnel grave mais non reconnu ou des parents qui étaient favorisés lorsqu'ils étaient enfants, pour qui on était trop permissif ou qui étaient idéalisés.

3.1 Études récentes

3.1.1 Berns

Berns (2001) a fait des études sur l'incidence des allégations d'aliénation dans des affaires judiciaires inédites. Elle a interrogé une gamme de spécialistes du droit de la famille et examiné des affaires judiciaires inédites (entre janvier 1995 et mars 2001) dans le Queensland, en Australie. Voici quels étaient ses objectifs de recherche :

Chaque affaire a été comparée aux critères de Gardner pour le SAP en mettant un accent spécial sur le dénigrement constant du parent ciblé. Si elle répondait aux critères, l'affaire était classée comme étant de nature légère, modérée ou grave. Berns a indiqué que la fiabilité des cotes de classement a été établie, mais elle n'a pas fourni de détails.

Dans son échantillon de 31 affaires, le père était prétendument le parent aliénant dans 14 cas et les mères, dans 17. Dans ce dernier groupe, les allégations ont été étayées dans 9 des 17 affaires. Dans 8 des 17 affaires, les allégations des pères répondaient aux allégations d'agression sexuelle formulées par les mères. La violence familiale était une variable dans trois affaires et les mères demandaient des contacts supervisés ou aucun contact. À partir de l'analyse qualitative, Berns tente d'établir des tendances par rapport aux variables clés, mais la taille restreinte de l'échantillon empêche toute conclusion utile.

Dans les 14 affaires où l'on alléguait que les pères étaient le parent aliénant, toutes les allégations ont été étayées. Dans six d'entre elles, Berns rapporte que les pères ont fait des allégations étendues et continues de violence physique et de négligence que les enquêtes n'ont pas permis d'étayer. Dans toutes les affaires, les enfants demeuraient au domicile de leur mère ou y ont été retournés. Dans quatre autres affaires, il y a eu des rapports persistants au service de protection de l'enfance. Berns note que les rapports se sont multipliés à la suite du rejet des allégations. Dans ce cas aussi, la petite taille de échantillon a limité la capacité de l'auteur à tirer des conclusions utiles au sujet des tendances du comportement.

Par rapport à sa première question de recherche, Berns note que les allégations d'aliénation représentent une faible proportion des divorces où des enfants étaient en cause. Elle conclut que l'aliénation n'est pas un phénomène sexué, étant donné que les allégations contre les mères sont aussi répandues que celles contre les pères. Il est intéressant de noter que, dans toutes les affaires où les mères ont allégué l'aliénation, les enfants vivaient avec leur père ou avaient beaucoup de contacts avec lui. Sur la base des résultats concernant les pères aliénants, Berns se demande si ceux-ci peuvent alléguer l'aliénation comme tactique dans le processus de litige. Elle note aussi que les hommes ont plus tendance que les femmes à recourir à cette allégation.

Selon les données recueillies au cours d'un projet pilote mené avant l'étude principale, les parents non représentés avaient davantage tendance que les autres à alléguer l'aliénation. Berns note qu'ils avaient tendance à faire des allégations d'agression physique ou sexuelle. Elle conclut que ce groupe de parents semble être vulnérable aux contre‑allégations d'aliénation et qu'ils ne comprennent pas les exigences imposées par les tribunaux en matière de preuve. Les allégations d'aliénation faites par ce groupe de pères s'opposaient généralement à celles d'agression sexuelle ou de violence familiale faites par les mères. Les allégations de SAP par ce groupe de mères s'opposaient généralement à celles, faites par les pères, de négligence, de mauvais traitements physiques ou d'agression sexuelle de la part du nouveau conjoint de la mère. Berns note que, si les allégations d'aliénation s'opposaient à celles d'agression physique ou sexuelle et étaient initialement rejetées, elles avaient tendance à devenir plus extrêmes et moins crédibles. Aux allégations se greffaient aussi de multiples appels aux autorités, comme les services de protection de l'enfance. Berns a exprimé des préoccupations au sujet des enfants de plaideurs non représentés parce qu'ils faisaient l'objet d'enquêtes approfondies de la part des services de protection de l'enfance. Nombre de ces allégations n'étaient pas étayées ou ont été rejetées par les tribunaux comme étant sans fondement.

Le profil du comportement des enfants dans ces familles variait. Berns rapporte que, dans sept affaires, ce profil correspondait à une aliénation grave, selon les critères de Gardner. Dans deux affaires, l'alignement était partagé. Les données laissent entrevoir que le développement des jeunes enfants était plus susceptible d'en souffrir .

3.1.2 Birnbaum et Radovanovic

Dans une étude pilote, Birnbaum et Radovanovic (1999) ont étudié l'utilité d'une évaluation brève et ciblée pour traiter les décisions et les questions de calendrier dans la famille après le divorce. Dans ce modèle applicable aux affaires les moins graves, l'intervention est axée sur les solutions et sur les responsabilités parentales. Elle consiste en une évaluation d'environ 10 heures en clinique et diffère de l'évaluation classique. On met moins l'accent sur l'information relative aux antécédents et les parents se concentrent sur la situation présente et sur ce qu'ils ont fait pour régler les conflits. Les variables importantes pour cibler l'intervention sont les besoins et les capacités des enfants, la qualité de la relation parents-enfant, la relation coparentale et les responsabilités parentales. Les méthodes cliniques proviennent de modèles de thérapie brève axée sur les solutions et comprennent la reformulation et l'établissement de limites. Elles visent à renseigner les parents au sujet des incidences des conflits sur les enfants et des besoins de développement des enfants. Elles proposent aussi des modèles de règlement de problèmes. L'information fournie par le clinicien au sujet de l'enfant constitue la base du travail auprès des parents pour créer un régime parental. Contrairement à la médiation, le clinicien n'est pas neutre dans ce modèle.

Voici les critères de sélection de l'échantillon qui avaient été retenus pour cette étude : présence entre les parents d'un litige basé sur une allégation de difficulté de contact; préoccupation quant à l'incidence du calendrier de l'enfant sur son développement et son adaptation; ou litige axé sur un aspect précis des compétences parentales et/ou préoccupations au sujet de la qualité de la relation parents-enfant. Les affaires où il y avait allégation d'agression physique ou sexuelle, d'aliénation parentale grave (non définie) ou de violence conjugale ont fait l'objet d'un processus d'évaluation classique plus complet et ont été exclues de l'étude.

Quarante parents ont accepté de participer à une entrevue téléphonique de six à huit mois après l'intervention. Tous ont indiqué que, depuis l'intervention, ils avaient conservé le nouveau mode décisionnel. Dans la majorité des affaires, le parent non résidentiel passait plus de temps avec l'enfant après l'intervention. La majorité des parents ont déclaré que l'intervention avait contribué à la résolution du litige. Ils ont en majorité (78 %) coté la qualité de l'intervention comme bonne, mais un nombre considérable (45 %) d'entre eux ont indiqué avoir continué à éprouver des problèmes après l'intervention.

Ces résultats montrent que les interventions brèves peuvent être aussi efficaces, et peut‑être plus, que les évaluations complètes et longues pour régler les litiges au sujet du calendrier des enfants.

Leurs données indiquent que « l'appariement » des affaires, selon leur type, avec le modèle d'intervention était un facteur essentiel pour le règlement des différends. Le fait d'établir un contrat avec les parents et de les préparer, eux et leurs conseillers juridiques, à ces services a été essentiel à la réussite de l'intervention. Birnbaum et Radovanovic concluent que, bien qu'une recherche plus rigoureuse soit nécessaire, le modèle est une stratégie utile pour aider les parents peu retranchés sur leurs positions à régler les différends au sujet du calendrier de leur enfant.

3.1.3 Peralta‑Vaughn

La recherche exploratoire de Peralta‑Vaughn (2001) a été effectuée dans le cadre de son mémoire de spécialisation à l'Université Arizona State, dirigé par Sanford Braver, chercheur réputé dans le domaine du divorce. Ses recherches visaient à mieux connaître les comportements aliénants et précurseurs possibles des parents, les conséquences de ces comportements sur l'adaptation des enfants à l'âge adulte et les conséquences possibles de l'aliénation parentale. Elle a défini l'aliénation comme étant « ... l'existence de comportements d'aliénation parentale manifestés par chaque parent dans une unité familiale » (2001 : 26).

Ses sujets provenaient de l'ensemble des universitaires participant à un cours d'introduction à la psychologie (N=644). Soixante‑huit pour cent (N=435) des étudiants ont accepté d'y prendre part. Du bloc initial de sujets, 189 ont indiqué que leurs parents étaient divorcés et, de ce nombre, 166 (87,8 %) ont accepté de devenir des sujets de l'étude. Un autre bloc de 269 étudiants étaient admissibles au groupe témoin (p. ex., leurs parents étaient demeurés ensemble) et, de ce nombre, 212 (79 %) ont accepté prendre part à l'étude.

Les questionnaires concernant le comportement des parents ont été distribués aux étudiants du groupe de divorcés et du groupe témoin ainsi qu'aux mères et aux pères du sous‑échantillon de divorcés. Des données ont été recueillies au sujet des modalités judiciaires de garde, des modalités de garde physique, du rendement scolaire des étudiants, de l'adaptation au collège, de leur choix dans les relations intimes ainsi que de l'alcoolisme et de la toxicomanie.

Les avocats présents aux conférences et séances de formation données par le directeur de Peralta‑Vaughn ont aussi été invités à remplir un questionnaire sur leur expérience à l'égard des affaires d'aliénation. Des données (réponses oui/non) ont été recueillies auprès des avocats concernant le sexe de l'aliénateur, les litiges financiers ou concernant la garde, les nouveaux conjoints, la psychopathologie des parties au litige, la présence d'un avocat agressif, le sexe de la personne ayant entamé la procédure du divorce, l'aliénation tentée et l'aliénation réussie.

Selon les rapports des sujets dont les parents étaient divorcés :

Peralta‑Vaughn signale que les mères avaient plus tendance à avoir des comportements aliénants lorsque les pères avaient la garde physique. Ce résultat, dit-elle, est contraire aux affirmations contenues dans la documentation et voulant que les mères semblent être beaucoup plus souvent aliénantes lorsqu'elles ont la garde physique de l'enfant.

Il n'y avait aucune relation entre le sexe de l'enfant et le degré d'aliénation ou le sexe du parent ayant un comportement aliénant. L'âge de l'enfant au moment du divorce était associé au degré d'aliénation parentale signalé. Plus précisément, les étudiants qui participaient à l'étude et avaient 10 ou 11 ans au moment du divorce ont fait état d'une incidence plus élevée de comportements parentaux aliénants que les autres sujets. Ce résultat semble confirmer les commentaires de Wallerstein et Kelly (1980) au sujet de la probabilité accrue d'alignement chez les enfants d'âge scolaire plus âgés. Lorsque les réponses du groupe témoin ont été comparées avec celles du groupe d'enfants de parents divorcés, on a observé que ce dernier groupe déclarait beaucoup plus de comportements parentaux aliénants.

D'après les données tirées des questionnaires remplis par les avocats :

Peralta‑Vaughn (2001 : 48) indique que ses résultats ne semblent pas étayer les opinions de Gardner au sujet du sexe de l'aliénateur parce que « les mères avaient moins tendance à avoir des comportements aliénants lorsque les pères s'opposaient à elles pour obtenir la garde dite traditionnelle ». Elle ajoute que les résultats ne corroboraient pas l'hypothèse que le fait d'avoir un avocat plus agressif augure de comportements aliénants de la part des parents.

3.1.4 Johnston

Le but de Johnston (sous presse) était d'étudier les facteurs individuels et familiaux qui permettent de prédire le rejet d'un parent par un enfant après le divorce. Son échantillon de 215 enfants (108 filles et 107 garçons âgés de 5 à 14 ans au moment du suivi) a été tiré d'une base de données archivées recueillies entre 1981 et 1991. Le bloc possible de 372 familles, représentant 600 enfants de 18 ans ou moins, a été réduit en retenant seulement l'enfant le plus âgé des familles qui comptaient plusieurs enfants et les enfants pour lesquels on disposait de données de suivi. Les cotes tirées des résumés cliniques ont été établies avant le débat actuel au sujet de l'aliénation.

Sur la base de l'analyse de ces données, Johnston a conclu que les réactions des enfants aux comportements parentaux aliénants sont déterminées par plusieurs facteurs, dont l'apport des parents et la vulnérabilité des enfants. La majorité des enfants n'étaient alignés avec aucun des deux parents. Le taux médian global de rejet d'un parent était faible. L'alignement extrême était aussi relativement peu répandu (8 à 9 % de l'échantillon). Selon certaines indications, les enfants dont les parents recouraient aux tribunaux pour régler des questions de contact avaient davantage tendance à s'aligner avec la mère et donc à rejeter le père.

Johnston a cerné la dynamique des situations où les enfants rejettent un parent. Les pères rejetés avaient tendance à manquer d'affection pour l'enfant et à comprendre peu son point de vue. Ils étaient moins capables de communiquer avec les enfants et participaient moins à leurs activités quotidiennes. Ces pères faisaient moins d'efforts pour enrichir la vie de l'enfant et montraient moins de plaisir dans leurs relations avec lui. Les données n'ont pas permis à Johnston de déterminer dans quelle mesure les litiges des pères pouvaient être une réaction au rejet manifesté par l'enfant.

Les mères d'enfants qui rejetaient leur père étaient des parents compétents mais dépendaient du soutien et de l'approbation de l'enfant. Elles avaient tendance à utiliser les enfants pour les soutenir contre la dépression et pour combler leurs besoins émotionnels. Ces mères avaient tendance à saboter la relation de l'enfant avec le père, à lui faire jouer un rôle de messager ou à l'interroger au sujet du père. Elles avaient tendance à retirer leur affection à l'enfant ou à le punir s'il manifestait de l'affection pour son père.

Johnston conclut que les déficiences du rôle parental et les carences des deux parents sont liées à l'amoindrissement de leur faculté d'adaptation sociale et émotionnelle et de leur sentiment de mieux‑être après le divorce. Les enfants âgés ont semblé plus vulnérables que les jeunes et avaient davantage tendance à rejeter le père. De l'avis de Johnston, il n'est pas surprenant qu'ils souffrent d'anxiété lorsqu'ils sont séparés de leur mère. Pour certains de ces enfants, note‑t‑elle, l'anxiété peut être une réaction normale, du point de vue du développement, qui est exacerbée par des litiges chroniques et la compétition pour l'enfant. Il n'y avait pas de différence significative entre garçons et filles à cet égard.

Les mères rejetées par les enfants semblaient avoir provoqué leur propre problème. Chez elles, les compétences parentales telles que la chaleur, l'empathie et la capacité à communiquer étaient souvent absentes ou compromises en raison du rejet par l'enfant et de la dynamique qui en découle. Ces mères étaient moins capables d'enrichir la vie de l'enfant et participaient moins à leurs activités. Leurs carences parentales semblaient être liées aux difficultés connues par les mères dans leur adaptation sociale et émotionnelle. L'anxiété de l'enfant au moment de la séparation du père était associée au rejet de la mère et accrue par les litiges constants.

3.1.5 Rhoades

Rhoades (sous presse, communication personnelle) a effectué un examen rétrospectif des dossiers comportant une demande d'exécution d'ordonnance concernant les contacts inscrits en 1999 au tribunal australien de la famille (N=100). Dans un rapport préliminaire sur ses résultats, Nicholson (2002a) note trois conclusions importantes. Premièrement, il y avait souvent malentendu quant à la nature de l'obligation imposée par l'ordonnance judiciaire. Deuxièmement, l'éducation parentale était une stratégie importante d'intervention, notamment pour le parent non résidentiel. Troisièmement, les pénalités ayant trait à l'inexécution semblaient inefficaces quant à l'amélioration des contacts entre l'enfant et un parent.

3.1.6 Trinder et al.

À l'aide d'un échantillon de 140 enfants issus de 61 familles, Trinder et al. (2002) ont étudié les facteurs qui contribuent à un contact viable. Ils ont employé diverses méthodes pour générer un échantillon qui comprenait des modalités de contact contestées et non contestées ainsi qu'une gamme de modalités judiciaires et d'antécédents familiaux (soit la classe socio‑économique, l'ethnie et la nationalité, la durée de la relation parentale, la durée de la séparation et le sexe du parent résidentiel). L'âge moyen des enfants était de 11 ans. Des entrevues semi‑structurées des parents ont couvert une gamme de sujets : la nature de la séparation, les attentes et les souhaits quant aux contacts, l'histoire et la nature de ceux-ci, les modalités de contact et les négociations à cet égard, les sources de conseils et de soutien ainsi que leur évaluation des modalités de contacts. On a demandé aux enfants de commenter les tendances, les fréquences et le développement des contacts et d'exposer leurs sentiments à différentes étapes de la relation et leur participation à la prise de décisions au sujet des contacts.

Les données ont montré qu'il n'y a ni modalité idéale ni quantité idéale de contacts. C'est plutôt la qualité des relations des parents l'un avec l'autre et entre l'enfant et chaque parent qui est la variable déterminante. L'analyse des données qualitatives a donné quatre résultats clés.

Tout d'abord, Trinder et al. identifient trois types primaires de modalités de contact : rapport d'engagement consensuel, difficile et conflictuel. Les parents dont les conflits étaient demeurés à un niveau minimal et qui entretenaient des relations amicales et des contacts réguliers enfant-parents caractérisaient le groupe d'engagement consensuel.

Le groupe dit en difficulté comprenait ceux dont les contacts étaient irréguliers ou imprévisibles. Un sous‑groupe recourait aux tribunaux et l'autre pas. Le groupe dit conflictuel était composé de familles aux prises avec des litiges ayant trait aux contacts et découlant de conflits au niveau des rôles ou de perceptions différentes du risque.

Le deuxième résultat clé est que les contacts après le divorce sont un processus difficile comportant de grandes exigences pour l'enfant et les parents. Les auteurs signalent que même les familles où il y avait peu de conflits éprouvaient tout de même certaines difficultés de contact. Les types de difficultés décrits par les enfants comprenaient l'établissement de relations significatives avec le parent non résidentiel, les relations avec le nouveau conjoint d'un parent non résidentiel et le manque d'occasions d'exprimer leurs points de vue au sujet des contacts. La gamme des difficultés signalées par les parents résidentiels allaient de l'engagement émotionnel continu avec l'ancien conjoint aux schémas de contacts imprévisibles en passant par les conflits et les risques. Les parents non résidentiels ont déclaré que leurs plus grandes difficultés étaient l'adaptation face au type de contacts et à l'insécurité de leur relation avec l'enfant, le conflit parental et les questions d'organisation telles que le temps, l'argent ou la distance.

Troisièmement, Trinder et al. ont signalé qu'il n'y avait ni facteur ni personne unique qui étaient chargés d'assurer le fonctionnement des contacts. Ce sont les attitudes, les gestes et les interactions entre l'enfant, l'autre parent et le partenariat parental qui façonnent les contacts réussis. Selon les résultats des auteurs, la qualité et la quantité des contacts dépendent de l'interaction de nombreux facteurs, dont la présence d'un nouveau conjoint, les finances, les styles parentaux, les compétences dans les relations et l'engagement par rapport aux contacts.

Les contacts de grande qualité qui sont bénéfiques aux enfants nécessitent des efforts dynamiques et continus de la part des deux parents, outre l'absence de grandes difficultés. Les contacts qui sont significatifs pour les enfants nécessitent l'engagement des deux parents et l'acceptation par eux de leur rôle respectif dans la vie de l'enfant.

Quatrièmement, les données ont souligné les difficultés des parents à trouver le juste équilibre pour ce qui est d'informer les enfants des questions de séparation et des modalités de contact. Certains enfants sont trop mêlés aux discussions au sujet des contacts, alors que dans d'autres situations, soit généralement les enfants des sous‑groupes consensuels, ils étaient d'avis que leur point de vue n'avait pas été retenu.

3.1.7 Prochaines étapes

Notre connaissance des difficultés de contact et de leur gestion serait rehaussée par une rigueur de la méthodologie de recherche[6] qui fournirait des éléments probants pour aider à répondre à des questions comme celles-ci :

Divers recours sont suggérés dans la documentation au sujet des difficultés de contact, mais les recherches manquent au sujet des résultats en ce qui touche les interventions judiciaires et la santé mentale. La recherche future dans ce domaine devra incorporer :